Un rêve de Phébus

← Retour au journal

janvier 2020

Nous ne commencions pas un nouveau siècle

Une nouvelle année, nous sommes désormais en 2020. Comme le précise l’amie Anne, nous ne commençons pas une nouvelle décennie. De la même façon, en 2000, nous ne commencions pas un nouveau siècle. Je suis allé acheter du pain. Il a suffi d’une quinzaine d’heures pour que l’emplacement des conteneurs de notre petit centre commercial se transforme une nouvelle fois en décharge sauvage. Les années passent, les gens ne changent pas. Petit bilan de la réforme du lycée à ma très modeste échelle : je n’aime pas avoir des élèves qui, dans chacun de mes 2 groupes, (...)

L'enfermer dans un livre

C’est aujourd’hui que Grasset publie « Le Consentement », le livre de Vanessa Springora sur sa relation avec Gabriel Matzneff. Je me suis souvent demandé pourquoi aucune des très jeunes femmes qui peuplent le journal de Matzneff n’avait encore livré son propre témoignage, même anonyme, d’autant plus que beaucoup d’entre elles étaient des littéraires. Je ne crois pas à une quelconque emprise du diariste sur le monde de l’édition, qui aurait censuré toute velléité de récit, même si le fait de travailler dans une grande maison d’édition a pu faciliter les choses (...)

Je manque un peu d'esprit de chapelle

L’année 2019 aura été celle où j’aurais le moins écrit. Une certaine lassitude que je regretterai sans doute dans quelques années. Je ne me pose pas assez pour écrire, alors que je sais me poser pour d’autres activités. Je ne veux pas non plus évoquer certains sujets, trop personnels pour moi et pour d’autres personnes. Ce journal n’a d’ailleurs jamais été un journal intime, ou peut-être indirectement. Je suis assez déçu par les écrits de certains de mes collègues. Ils donnent l’impression qu’un cours doit forcément partir d’une vidéo, une vidéo un peu (...)

Plaisir à entrer dans mes salles de cours

J’ai lu presque d’une traite le Consentement, le livre de Vanessa Springora. C’est un bon et beau livre. Gabriel Matzneff a déclaré qu’il ne le lirait pas. Peut-être changera-t-il d’avis. Dernier week-end avant la reprise. Je ne suis pas enchanté de retrouver le chemin du lycée (je trouve désormais difficile de me réveiller de bonne heure le matin, même si j’arrive à ne pas traîner dans mon lit) mais je sais que j’aurai plaisir à entrer dans mes salles de cours et à retrouver mes élèves. (...)

Copies

Comme lors de chaque période de vacances, j’ai corrigé des copies, mais pas suffisamment. Et je n’ai pas avancé mes préparation de cours (la journée n’est toutefois pas terminée). Le menu de mes vacances : soit je corrige, soit je culpabilise de ne pas corriger. (...)

Littérature contre littérature

Un journal intime est une œuvre littéraire, non seulement par son style mais aussi par les choix de son auteur sur ce qu’il va dévoiler ou, au contraire, ce qu’il va passer sous le boisseau. Le diariste peut aussi agrémenter son journal de choses fausses. C’est pour cette raison qu’il me semble difficile que la justice poursuive Gabriel Matzneff, surtout pour des faits prescrits. A son âge, plus grand-chose ne peut l’atteindre, surtout pas une réprobation morale qui l’a toujours laissé de marbre. En revanche, le livre de Vanessa Springora constitue sans doute ce qui pouvait (...)

Je dois manquer d'imagination

Une vague d’inquiétude, une sorte de tsunami qui rappellerait la grande peur de l’an 1000 (laquelle n’a d’ailleurs jamais existé), semble s’abattre sur notre pays. J’en profite pour évoquer mes propres angoisses. L’environnement, le sort de l’humanité, l’immigration, le capitalisme financier ou encore le conflit entre les États-Unis et l’Iran ne provoquent en moi aucune inquiétude. Je dois manquer d’imagination. L’avenir de mes enfants ne m’inquiète pas davantage. Nous essayons, ma femme et moi, de faire le mieux possible pour qu’ils puissent prendre leur (...)

Speed dating

Un mercredi chargé avec mes cours ce matin et un speed dating cet après-midi. Je rassure mes lecteurs les plus prudes : il ne s’agissait pas de choisir une nouvelle relation mais d’organiser une rencontre entre les professeurs principaux et les professeurs de spécialité des classes de première générale. Et oui, avec la réforme, les premières G, si chères à Michel Sardou, sont de retour. J’ai donc rencontré 6 collègues professeurs principaux pour faire un bilan de nos élèves communs. Cette façon de procédé a 2 avantages : il n’y aura pas une pléthore de professeurs (...)

Déflagration

La déflagration provoquée par le Consentement de Vanessa Springora semble interminable. Le 3 janvier, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour « viols commis sur mineur » de moins de 15 ans contre Gabriel Matzneff. Le 7 janvier, les éditions Gallimard décident d’interrompre la vente de son journal ( 3 autres éditeurs l’imiteront : La Table ronde, Léo Scheer et Stock). Le 7 janvier, toujours, le ministre de la culture, Franck Riester, annonce que l’aide publique touchée par l’écrivain sera supprimée. Le 8 janvier, la police effectue une perquisition chez (...)

Enfermer le chasseur dans un livre

Certains fervents lecteurs de Gabriel Matzneff pensent le défendre en livrant d’autres noms en pâture. Je ne pense pas que l’on puisse s’opposer à une chasse à l’homme en cherchant à en déclencher d’autres. D’autres s’en prennent à Vanessa Springora, qui écrirait mal, qui ne chercherait que la célébrité ou encore qui ne chercherait qu’à se venger. Je maintiens que c’est un beau et bon livre et je trouve que les deux motifs proposés ne correspondent à aucune vérité. Elle a éprouvé le besoin de témoigner, d’enfermer le chasseur dans un livre, pour (...)

Je ne vais pas cesser de les aimer pour autant

Dimanche après midi, je regarde un match de foot vintage : Saint-Étienne contre Nantes. La chaudron est vide, il n’y a aucun spectateur (sanction suite à un abus de fumigènes). Nous entendons les entraîneurs et les joueurs crier. Le match est ennuyeux, comme beaucoup de rencontres des Stéphanois ces dernières années. Mais je ne vais pas cesser de les aimer pour autant. (...)

J’ai peur que cela fasse beaucoup

Réunion de préparation à la première séance du CSE ( le comité social et économique, qui remplace les anciens délégués du personnel, CHSCT et comité d’entreprise), nous avons travaillé sur le règlement intérieur et choisi les personnes qui se présenteront aux différentes fonctions du bureau. J’ai été lu comme suppléant et peu de personnes avaient barré mon nom sur la liste. Je dois être un des seuls non grévistes de l’année dernière (notre grève interne) à siéger dans ce comité. Nous avons prévu de nous réunir tous les mois, j’ai peur que cela fasse (...)

Une capeline moralisatrice

Une vidéo montre des professeurs en train de jeter des manuels scolaires dans un feu. Comme tous les auteurs d’autodafé, eux et leurs soutiens mettent en avant d’excellentes justifications. Après tout, un manuel scolaire n’est qu’un manuel scolaire, pas un livre. Et puis, ce sont des manuels macronistes. Beaucoup de grévistes, pas seulement les professeurs, affichent ainsi une certaine supériorité morale : ils savent (les autres sont au mieux des naïfs, au pire des vendus), ils guident, ils se sacrifient. Je comprends que les grévistes de la SNCF défendent leur statut, (...)

Seul ce que je veux est acceptable

«  Seul ce que je veux est acceptable. La force des convictions devient la seule référence. La certitude d'avoir raison contre tous les autres l'emporte. Le vote est délégitimé. Nous entrons dans la démocratie de la rue. » Mon dernier statut FB (il m’arrive en effet d’en écrire des un peu plus sérieux que les autres). La vraie question concerne la prise de décision. Qui décide dans une société et comment les décisions doivent-elles être prises ? (...)

Religions

Je n’ai jamais aimé critiquer les religions, surtout auprès de croyants. Je n’éprouve aucune empathie pour eux (il m’arrive toutefois de les envier car j’ai l’impression que tout est plus facile pour les croyants, mais l’envie n’est pas de l’empathie) mais je pense que je n’aime pas heurter, surtout les convictions les plus profondes. En revanche, même si je ne le fais pas, critiquer la religion est légitime, comme l’a fait récemment une jeune fille de 16 ans, ulcérée par des attaques sexistes et homophobes, dans une vidéo à propos de l’islam. Elle a été (...)

Islam et islamisme

Un fait est certain, les musulmans ne supportent pas que l’on critique l’islam. Ce qui est arrivé à Mila le confirme. Après les attentats de 2015, certains de mes élèves musulmans, de bon niveau scolaire et bien intégrés, s’inquiétaient plus du sort de leurs coreligionnaires que de celui des victimes du terrorisme. L’amalgame leur faisait plus peur que le terrorisme. Pourtant, la distinction entre l’islam et l’islamisme (qualifié aussi d’islam radical) était déjà bien établie, à part dans certains milieux extrémistes. Je pars demain à l’aube pour Londres. (...)