L'enfermer dans un livre
C’est aujourd’hui que Grasset publie « Le Consentement », le livre de Vanessa Springora sur sa relation avec Gabriel Matzneff. Je me suis souvent demandé pourquoi aucune des très jeunes femmes qui peuplent le journal de Matzneff n’avait encore livré son propre témoignage, même anonyme, d’autant plus que beaucoup d’entre elles étaient des littéraires. Je ne crois pas à une quelconque emprise du diariste sur le monde de l’édition, qui aurait censuré toute velléité de récit, même si le fait de travailler dans une grande maison d’édition a pu faciliter les choses à Vanessa Springora (elle n’en est cependant la directrice que depuis décembre 2019). Dans un courriel écrit au magazine l’Obs, l’écrivain évoque « un ouvrage hostile, méchant, dénigrant, destiné à me nuire ». Le préambule du Consentement pourrait constituer une réponse : « Depuis tant d’années, mes rêves sont peuplés de meurtres et de vengeance. Jusqu’au jour où la solution se présente enfin, là, sous mes yeux, comme une évidence : prendre le chasseur à son propre piège, l’enfermer dans un livre ».