Le temps du récit
Jacques Layani
Passé composé… Attention, vous allez tomber dans les pièges classiques des auxiliaires. Au bout d’un moment, on ne verra plus dans vos pages que "être" et "avoir", jusqu’à en être saturé. Je dis ça sérieusement et amicalement. Prenez garde à l’emploi du passé composé sur toute la distance d’un roman.
De même, le passé simple peut conduire à une explosion de "âmes" et de "âtes" parce que, même en rédigeant à la première personne, on ne peut pas dire "je" tout le temps. Donc, vous passerez forcément au pluriel et vous risquez la noyade du lecteur dans les "âmes" et les "âtes".
Au vrai, je ne crois qu’au présent, justement. Ce présent qu’il est convenu d’appeler "de narration" et que rien ne vous empêche d’éclairer de loin en loin par l’emploi d’un autre temps. Relisez Vailland, qui a réinventé la concordance des temps et dont la prose, ainsi, tient merveilleusement le coup à des décennies de distance.
Bien entendu, cela n’engage que moi.