J’aime les interventions courtes, pour leur côté percutant. J’essaie d’évoquer mes journées avec un certain détachement, qui va très bien avec ce format. Arrivé à une certaine phrase, je me dis qu’elle doit être la dernière.

Oui, ça, c’est exactement ce qu’on ressent à la lecture. Mais ça ne m’explqiue pas comment il est possible de synthétiser une journée dans des limites toujours identiques.

Je ne dis pas ça pour pinailler, n’est-ce pas ? J’aimerais vraiment comprendre. Car, au bout du compte, cela crée une unité, donc un recueil, donc un livre véritable.

Vos questions sont intéressantes. Elles me permettent de réfléchir sur ce journal.
Ce n’est pas une vraie synthèse, dans le sens où une synthèse doit reprendre tous les éléments d’une journée, un peu comme une synthèse de dossiers. Je prends un ou deux éléments et je ne parle que d’eux. En ce sens, ce n’est pas vraiment un journal intime.

Oh si ! Le journal exhaustif est impossible, en tout cas de nos jours, je pense. La plupart des journaux sont sélectifs. D’ailleurs, il y a une autre question : celle de savoir si l’on veut ou non se rappeler certaines choses, d’où obstruction, auto-censure…

Je crois qu’un journal relatant intégralement chaque journée, non content d’exiger un temps considérable, deviendrait étouffant au bout de quelques jours.

Ceci posé, je continue à m’intéresser à ce que vous faites, cette espèce de relation à forme fixe, à distance "obligée". Je vous assure que l’impression d’unité qui s’en dégage est très forte (pour moi, en tout cas) et que cela ne vient pas seulement des personnes mises en scène, qui sont forcément souvent les mêmes.