Comme si nous avions perdu par procuration
De nouveau à la campagne, pour ce week-end de trois jours. Lorsque mes élèves m’ont demandé qui d’après moi allait gagner les élections aux États-Unis, j’ai répondu qu’il y avait de fortes chances que cela soit Trump. La victoire annoncée d’Hilary Clinton me semblait trop belle, trop unanime, pour devenir vraie. L’élection de Donald Trump a provoqué une sorte de psychodrame en France, peut-être même encore plus surjoué qu’aux États-Unis, comme si nous avions perdu par procuration. Le monde allait forcément s’écrouler. A la méconnaissance du peuple américain s’ajoute celle des institutions américaines. Les États-Unis ont un régime présidentiel, dans lequel le pouvoir est partagé entre le Président et le Congrès. Cela signifie que Trump ne pourra rien faire sans l’aval d’un Congrès certes républicain, mais républicain convenable pour entrer dans la vulgate à la mode. Autant le Brexit m’avait attristé, autant la défaite d’Hilary Clinton a plutôt tendance à me satisfaire. Marine Le Pen a été la première politique française à féliciter Trump, qu’elle rêve d’imiter. Mais je crois qu’elle se trompe. Le futur numéro 1 américain a certes récolté beaucoup de voix grâce à son discours anti-système mais il a aussi eu les voix des électeurs républicains habituels, certainement moins frileux que leurs dirigeants. Le parti républicain est l’un des deux partis qui dominent les États-Unis depuis toujours (ou presque, il faudrait vérifier), qui a fourni un grand nombre de présidents et de majorités au Congrès. Le Front national n’en est pas là.