Un rêve de Phébus

Elle me conseilla d'attendre que quelqu'un sorte

Deux fois quatre heures presque non stop de corrections aujourd’hui, au lycée ce matin et dans un café de la capitale l’après-midi, une bonne heure de transports en commun entre les deux. A la fin, ma lecture était de plus en plus rapide et mon regard de plus en plus aiguisé ; il fallait lutter contre les lignes qui avaient tendance à partir dans tous les sens. Ma table donnait sur le trottoir, vitres du cafés ouvertes, je regardais avec surprise les passant parlant fort et tout seul, en réalité à leur téléphone portable, avec moins de surprise les jolies lycéennes et étudiantes, qui me poussaient aussitôt à me replonger dans mes corrections. J’ai enfin pu sortir du troquet pour prendre la direction du lycée destinataire des copies. Impossible d’entrer dans le lycée, il était trop tard pour pouvoir ouvrir la porte et mes doigts sur différents boutons ne provoquaient aucune réaction. Une élève en train de réprimander au téléphone son petit ami (il n’était pas allé la chercher alors qu’elle avait fini ses cours depuis plus de deux heures) n’arriva pas non plus à ouvrir la porte - elle s’était portée à mon secours - et me conseilla d’attendre que quelqu’un sorte. De l’intérieur, la porte s’ouvrait ; ce qui en soit n’était pas une très mauvaise nouvelle. Elle me proposa aussi de remettre de ma part ce que je portais au lycée mais je n’allais tout de même pas confier à une inconnue, aussi serviable fût-elle, le fruit d’autant d’heures de travail. Nouvelle tentative, la porte finit par s’ouvrir. Entre temps, le petit ami de l’élève lui avait demandé à qui elle parlait dans un début de crise de jalousie. Elle répondit « à un homme » et précisa qu’il n’avait pas à être jaloux car elle n’avait pas d’amant.