J'ai pris les chaussons à papa
Ce matin, alors que je profitais de la vie, affalé dans une baignoire pleine d’eau, A est venue s’emparer de mes chaussons. Elle les a mis à ses pieds puis a traversé le couloir en disant « j’ai pris les chaussons à papa », phrase qu’elle a répétée plusieurs fois à sa maman, occupée dans la cuisine à nous confectionner un délicieux jus de fruit. Je rassure mes lectrices plus féministes que la moyenne (j’en ai identifié au moins une) : peu de temps auparavant, nos lieux d’occupation respective étaient inversés. Je me demande si je suis trop vite impressionné par A ou si elle est bien à l’âge où l’on peut construire une phrase de cette sorte. Il faudrait que je retrouve mon cahier correspondant aux deux ans de Nath. Bien entendu, les mauvaises langues (je n’en ai pas encore identifié mais sait-on jamais) pourront prétendre qu’elle aurait pu faire l’effort de dire « les chaussons de papa » mais je suis certain que des puristes de la langue française prônent « les chaussons à papa ». Le débat est ouvert. Je confirme que le tome 1 du Journal de Jacques Brenner est passionnant. Il a tout juste 18 ans, c’est le début de l’occupation, il parle surtout de littérature et multiplie les citations, un peu comme s’il vivait en dehors du temps. Dès le début, la figure tutélaire d’André Gide s’impose. Cela me fait penser que je ne sais toujours pas pourquoi ma chronique n’apparaît pas dans le dernier numéro de la Presse littéraire.
Février 2006 est en ligne :