Un rêve de Phébus

Il suffit que je reste ici un quart d’heure de trop pour rater mon examen et modifier l’avenir

Une couverture de Libération (lundi 10 septembre 2012) qui a suscité beaucoup de réactions : la photo de Bernard Arnault accompagnée du titre « Casse-toi riche con ! ». Je n’ai pas été choqué mais ai trouvé plus drôle le titre du lendemain : « Bernard, si tu reviens, on annule tout ! ». Noémie Lvovsky (Télérama du 12 septembre 2012) répond à une question sur son obsession pour la fuite du temps : « On est tous obnubilé par ça, non ? Enfant, j’étais assez remuante ; je me racontais que si je restais complètement immobile, le temps finirait par s’arrêter lui aussi. Devenue étudiante, je me posais dans un café, je regardais l’heure en me disant : il suffit que je reste ici un quart d’heure de trop pour rater mon examen et modifier l’avenir. Aujourd’hui, je suis persuadée que tous les films un tant soit peu habités parlent du temps, même sans en avoir l’air. Je crois que c’est lié à leur nature même, des bout-à-bout d’instants éphémères impressionnés sur la pellicule pour l’éternité ». Puis : « Un peu comme Camille, au début du film, je suis obsédée par ce qui ne reviendra plus… Mais dès qu’on commence à vouloir arrêter le temps, c’est déjà trop tard. Ça me fait penser à Jean-Paul Belmondo dans une scène d’A bout de souffle (1960) : L’histoire d’un type qui, dès qu’il s’arrête de courir, meurt ».