Un rêve de Phébus

Les écrivains ont plutôt la réputation de ne pas supporter la moindre correction à leur travail

Je ne m’étais pas trop intéressé aux accusations de plagiat portées contre Patrick Poivre d’Arvor au sujet de sa biographie « Hemingway, la vie jusqu’à l’excès ». Aimant beaucoup l’écrivain américain et détestant hurler avec les loups, j’en avais juste conclu que je ne la lirai pas. Un article de Pierre Cormary dans Ring, « l’universal tabloid », m’a poussé à m’intéresser de plus près. Pierre prend en effet bille en tête la défense de l’ex-présentateur de journaux télévisés mais nous livre quelque chose de plus précieux : Hemingway par Cormary ! La défense proprement dite est brève puisqu’elle se résume à une citation de Jean-Edern Hallier et à un lien vers un autre billet de Ring, signé par Marin de Viry, qui donne aux passages recopiés une explication technique : « un collaborateur de l’auteur, chargé de la documentation de son livre sur Hemingway, a « démarqué » des passages concernant l’enfance de l’auteur de « For whom the bell tolls », tirés de la biographie de Griffin. Ces passages sont joints à une version du manuscrit à envoyer en hâte à des journalistes et aux représentants de la maison d’édition, pour satisfaire aux délais de commercialisation, plus courts que prévus. L’auteur, au téléphone et depuis le Pakistan, fait une boulette : il ne relit pas la version qu’on lui adresse et donne un « bon à tirer » oral ». Cela me laisse assez songeur qu’un auteur puisse laisser d’autres personnes ajouter des passages à son manuscrit, qui plus est sans trop s’en préoccuper. Les écrivains ont plutôt la réputation de ne pas supporter la moindre correction à leur travail. Achat de La Croix aujourd’hui, pour l’interview d’Alassane Ouattara par Laurent Larcher, qui signe aussi un article sur la situation à Abidjan.