Tendre est l'ennui
Pierre Jourde, dans le Magazine des Livres d’avril-mai 2008, s’offre Cormac McCarthy (« La route »). Il commence sa critique en faisant comprendre au lecteur qu’on ne la lui fait pas, à lui : « C’est une cause entendue, La route, de Cormac McCarthy, est un chef d’œuvre . Les critiques s’extasient à l’unisson. On manque d’adjectifs. C’est métaphysique, c’est biblique, c’est shakespearien. C’est, bien, entendu, visionnaire (quand on parle de l’apocalypse, on est ispo facto visionnaire). En outre, Mac Carthy ne donne jamais d’entretiens, c’est bien la preuve qu’il est un grand écrivain. Evidemment, à force d’entendre crier au génie, on finit par acheter le roman et par le lire ». Quels sont ces critiques qui « s’extasient à l’unisson » ? Jourde donne l’impression d’avoir lu une grande quantité de critiques. Or, combien de critiques peut-on lire sur un roman, dans les publications qui touchent le grand public ? Celles du Figaro, de Libération, du Monde, de l’Express, du Point, du Nouvel Observateur, de Télérama ? On peut ajouter celles de magazines plus spécialisés comme Lire, Le Magazine littéraire ou encore une émission de radio comme le Masque et la Plume. C’est une petite unisson, d’autant plus qu’André Clavel dans l’Express du 27 mars 2008 n’a pas aimé « La Route ». Le titre de sa critique est « Tendre est l’ennui ».