Un rêve de Phébus

Pourtant, deux ans de camp pour un blasphème, c’est beaucoup.

Nous sommes à la campagne, les enfants mangent une sucette dans une petite piscine gonflable, Martine essaie de trouver une programme convenable à la télévision (elle vient de ne pas accrocher au début du premier épisode de Gossip Girl), j’écris avec un casque sur les oreilles qui diffuse l’album Consign To Oblivion d’Epica et il fait dans les 40 degrés dehors. Les enfants sont sortis de la piscine (leur plaisir ludique du moment est de jouer aux Indiens, le torse nu s’y prêtant bien) tandis que Martine s’est replongée dans un polar. Les températures baissent peu la nuit, signe de canicule. Entendu plusieurs fois cette réflexion : « On s’est plaint du manque de chaleur, on ne va pas se plaindre maintenant de la trop grosse chaleur ». Un client du café de C. en a même profité pour ajouter, en guise de sentence définitive : « C’est bien français ça ! ». Ne peut-on pas pourtant souhaiter une chaleur tempérée ? Libération (18 août 2012) publie en première page une photo des trois jeunes russes (les Pussy Riot) qui viennent d’être condamnées à deux ans de camp pour avoir chanté une prière punk anti Poutine dans une cathédrale de Moscou. Les protestataires et les journalistes occidentaux passent trop vite sur l’aspect religieux de cette affaire : il s’agit d’un blasphème, dans une Russie très orthodoxe. Notre vision anti Poutine de tout évènement russe nous fait oublier l’importance considérable de la religion dans la culture de ce pays. Pourtant, deux ans de camp pour un blasphème, c’est beaucoup.

(18 août 2012)