Un rêve de Phébus

Les fantasmes étaient une échappatoire

Je n’ai pas aimé American Psycho, même si je l’ai terminé. Je voulais en connaître la fin. Et pour connaître véritablement une fin, on ne peut pas se contenter de lire la ou les deux dernières pages. Un privilège, ne pas se forcer à poursuivre une lecture que l’on n’apprécie pas, ne pas s’imposer une obligation qui prive d’autres lectures. Si je n’avais pas peur des comparaisons trop audacieuses, j’écrirais que je suis poursuivi par American Psycho comme Bret Easton Ellis l’est par Patrick Bateman. L’écrivain ne comprend pas les réactions suscitées par American Psycho : « De plus, Patrick Bateman était un narrateur notoirement indigne de confiance et si vous aviez réellement lu le livre, vous en veniez à douter que ces crimes aient été commis. Il y avait des indices insistants qu’ils n’existaient que dans l’esprit de Bateman. Les meurtres et la torture étaient en fait des fantasmes nourris par sa rage et sa fureur contre la façon dont la vie était organisée en Amérique et la façon dont il avait été – en dépit de sa fortune – piégé par ça. Les fantasmes étaient une échappatoire. C’était la thèse du livre. Ça parlait de société, des modes et des mœurs, et non de découpage de femmes. Comment quiconque avait lu le livre ne pouvait voir ça ?  »