Un rêve de Phébus

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mars 2011

Prisonnière d’un autre monde

Hier soir, les journaux télévisés ont diffusé des extraits de films ou de reportages montrant Annie Girardot à différentes époques de sa vie. Jeune et belle actrice, la vieillesse et la maladie ont fini par faire leur œuvre, après quelques décennies. Même âge que maman, même maladie aussi. TF1 propose ce soir un hommage à l’actrice sous la forme d’un documentaire qui transformera les spectateurs en voyeurs, la filmant dans son quotidien de femme malade, prisonnière d’un autre monde. Aurait-elle désiré cela ? (...)

Fièvre

Je ne pourrai pas me rendre à la soirée organisée par A dans une boite parisienne, soirée conciliant littérature et musique rock. Je pense qu’il y aura d’autres occasions, qui me permettront de retrouver un peu de ma jeunesse. A a 40 de fièvre en cette fin d’après-midi. Elle est en train de pleurer en ayant peur d’avoir 49 de fièvre. Tout à l’heure, elle a expliqué à son petit frère qu’à 49 de fièvre, on était mort. Avant hier, M a dit à Martine qu’il l’aimerait quand-même quand elle sera morte. (...)

On en oublierait presque la guerre civile en Libye

J’ai presque corrigé toutes mes copies en retard. Je vais attaquer celles qui ne le sont pas encore et, mardi, je n’en aurai plus, phénomène assez exceptionnel en cours d’année scolaire, à l’exception des deux premières semaines de septembre. Défilé de Dior sans John Galliano, défilé de Thierry Mugler avec Lady Gaga et enterrement d’Annie Girardot dont la dépouille a été applaudie par la foule. On en oublierait presque la guerre civile en Libye. (...)

Je ne suis pas un vrai lecteur de polars

J’ai terminé « La Princesse des glaces » de Camilla Läckberg. Je me demande si je l’ai beaucoup aimé. Si je ne l’avais pas aimé, je ne l’aurais pas terminé. C’est un polar écrit avec grand talent, une histoire prenante et des personnages attachants. Mais, d’un autre côté, aucune vraie surprise et les personnages auraient gagné à être traités avec plus de profondeur. Ce souhait sera peut-être exaucé au fur et à mesure de la lecture des quatre autres romans d’une écrivaine qui, d’après la quatrième de couverture, vend en Suède presque autant d’ouvrages (...)

Les loups, aussi, peuvent avoir mal au ventre

Martine et A sont malades et n’ont pas dîné. M qui adore faire comme sa sœur cadette, s’est aussi plaint de son ventre alors qu’il passait à table. Mais l’appel de la soupe aux vermicelles a fait son œuvre et il en a même pris une seconde fois. « Papa, j’ai une faim de loup ! ». Je lui réponds : « Je croyais que tu avais mal au ventre ? ». Lui : « Les loups, aussi, peuvent avoir mal au ventre ». Certains sondages donnent Marine Le Pen gagnante du premier tour des prochaines élections présidentielles, alors que les élections cantonales se préparent dans une (...)

Surtout lorsque le tremblement de terre est suivi d’une explosion dans une centrale nucléaire

Deux soirées chargées pour terminer la semaine de cours : un conseil de classe jeudi et un autre le lendemain. Des conseils très longs. Est sortie début mars l’adaptation cinématographique du très beau « Auprès de moi toujours » de Kazuo Ishiguro. La lecture de la critique du Monde (1 mars 2011) confirme toute la difficulté de transformer en film un roman. « Pourtant Never Let Me Go ne parvient jamais à l'intensité qui devrait parcourir cette histoire. Peu confiant dans l'intelligence de ses spectateurs, le scénariste Alex Garland (également romancier, il a écrit La (...)

Images

Sur la première page du site internet du Monde, une publicité pour le Club Med, « séjour gratuit pour les moins de 4 ans » avec une mère assise, son bébé dans les bras, qui regarde son autre enfant sans doute en train de revenir après avoir trempé ses pieds dans une mer calme et bleue. Juste dessous, ce titre : « Japon, une catastrophe nucléaire menace toujours », avec dessous la photo d’une embarcation de secouristes, qui viennent de recueillir des victimes, navigant dans une rue inondée. Les images du tsunami emportant tout sur son passage sont terrifiantes. (...)

L’accident nucléaire les angoisse

J’ai déjeuné à M aujourd’hui, avec mon père, dans un petit restaurant italien qui vient d’ouvrir. Il ne mange presque rien. Conversation avec certains élèves en milieu de matinée, après mes deux heures de cours, l’accident nucléaire les angoisse. Images permanentes anxiogènes mais qui ne nous apportent que très peu d’informations. Les Japonais se demandent pourquoi les Français fuient Tokyo aussi rapidement. M a vomi au moment où nous passions à table. (...)

Situation actuelle et certaine

Encore des oraux blancs, je suis passé au lycée travailler et saluer une de mes collègues interrogatrices. Une élève a été prise en train d’essayer de tricher. Hier, M est tombé d’un tricycle à l’école. Appel à la maison, urgences à l’hôpital puis visite à un stomatologue. Dure fin de semaine pour le petit bonhomme et sa maman. M a encore du mal à manger. Comme il sort d’une gastro, il n’était déjà pas très gros. Pendant la semaine, nos médias ont beaucoup plus évoqué les risques nucléaires (risques réels, ce qui ne signifie pas évènements futurs (...)

Double peine

Une fois de plus, nos avions bombardent. Nous tuons des civils pour en protéger d’autres. Nous punissons des civils d’être sous le joug d’un dictateur. C’est peut-être nécessaire mais ce n’est pas anodin, nous ne sommes pas en train d’assister à la projection d’un film. Il est un peu plus de 16 heures, aucun bruit dans la salle à manger où jouent les enfants. Je vais voir : A est en train de lire un livre à son petit frère. (...)

Bordel

Promenade annuelle au Salon du livre de Paris, en semaine cette année, mon emploi du temps me le permettant. Moins de monde que le week-end mais très peu d’auteurs connus présents. J’ai tout de même eu le plaisir de faire la connaissance de Stéphane Million, jeune éditeur et ancien diariste, avec lequel j’avais un peu échangé sur internet et dont je n’ai jamais perdu de vue les activités. A, la cousine de Nath, lui avait parlé de moi. Sa revue Bordel vaut le coup d’être lue et on peut lui faire confiance sur le choix de ses auteurs. Pas évident de se lancer dans le (...)

Panache

Une de mes élèves est en train de suspendre, ou d’arrêter, sa scolarité. Des limites à rappeler, des conseils à donner, pas grand chose en fait. C’est dommage à trois mois de l’examen. Ce n’est pas un nuage radio-actif qui traverse notre pays mais un panache. Un panache même pas capable d’être un nuage, ça ne fait pas très sérieux à côté des 25000 morts ou disparus japonais. (...)

La sobriété de l'horreur

Je connais peu de choses plus exaspérantes que le courrier des lecteurs de Télérama mais il suffit parfois de tourner quelques pages pour trouver des papiers qui justifient la lecture de cet hebdomadaire bobo-catho. La couverture du numéro du 26 mars est par ailleurs fort belle, alliant sobriété et horreur. Donc en tournant juste ces quelques pages, on rencontre un entretien avec Philippe Picquier, éditeur spécialisé dans les littératures d’Extrême-Orient. Précipitez-vous dessus mais prenez bien le temps de le savourer. L’article sur le thème, 1000 fois ressassé, du débat (...)

Mourir, mais de mort lente

Un de ces derniers soirs à table, N dit à sa maman : « Tu mourras avant nous ». Et M d’en rajouter une couche : « Non, c’est papa qui mourra le premier ! ». (il y a bien 2 r au futur, après vérification). Conférence de Manuel V, un homme accessible et cultivé, fort de ses convictions. Je le vois bien chef de l’Etat. Le moment n’est pas encore venu pour sa génération, qui est aussi la mienne. Dans 5 ou 10 ans. Nous avons fréquenté la fac de Tolbiac en même temps. (...)

Une capacité à remporter des élections sans importance

J’ai dormi 2 heures cet après-midi, pour compenser l’heure de sommeil perdue dans la nuit. Même si le changement d’heure a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche, la nuit qui s’en trouve raccourcie est plutôt la suivante, au moins pour les gens qui travaillent le lundi et qui n’ont pas d’engagement formel pour le dimanche matin. Ensuite, je suis allé chercher les Petits à l’école. Je relis le début du journal de Stéphane Million, près de 10 ans après la première lecture. Mon enthousiasme n’a pas baissé, c’est un journal d’écrivain, un tout bon. Le mien me (...)

Une des légendes urbaines les plus répandues

Une des légendes urbaines les plus répandues est que l’on ne peut réformer l’Education nationale. Un ministre, qui avait réussi à se mettre toute la profession à dos, avait même parlé de mammouth. La réalité est inverse : les ministres qui se suivent n’arrêtent pas de réformer. Un personnel docile, qui croit en sa mission émancipatrice, essaie de respecter scrupuleusement les nouveaux textes qui, pourtant, transforment peu à peu les professeurs en animateurs socio-culturels. Qui se rappelle encore qu’un élève est une personne que les professeurs tirent vers le haut, (...)