Un rêve de Phébus

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avril 2008

Nous, nous connaissons la fin du film

Je suis convoqué pour corriger le Bac, mais comme remplaçant. Je ne suis plus un titulaire indiscutable, je me retrouve sur le banc de touche, c’est la déchéance. Mais, s’il n’y a personne à remplacer, je serai en vacances plus tôt. J’ai placé trois articles dans deux nouveaux journaux de Second Life. Si je ne méfie pas, je vais finir par devenir incontournable. Un collègue professeur d’histoire : « l’avantage que nous avons, sur vous autres économistes, c’est que nous, nous connaissons la fin du film ». (...)

Bourgeoises émoustillées

C’est curieux cette histoire de boites produisant un son strident uniquement entendu par les oreilles adolescentes, boites destinées à empêcher les halls d’immeubles de devenir des salles des pas perdus. On aurait dit un poisson d’avril. Europe 1 dit mener l’enquête depuis un an, ça aurait pu être un poisson plus très frais de l’an dernier. Mais ce soir un représentant du fabriquant était interrogé, c’est donc une histoire vraie. Anna Gavalda est en couverture de Lire. Une psychothérapeute parle à l’intérieur du magazine d’une romancière « de la consolation ». (...)

Le retour a été plus épique

Réception du dernier numéro de la Presse littéraire, moins d’excitation que les premiers temps d’y retrouver ma chronique, mais c’est toujours un moment agréable. A dort de nouveau la nuit avec sa couche. Il n’y a pourtant pas eu d’accident nocturne mais les quelques accidents diurnes de dimanche ont dû lui faire ressentir qu’elle n’était pas encore prête. Je suis allé la chercher à l’école cet après-midi, elle s’est précipitée dans mes bras. Mais le retour a été plus épique : ça n’allait pas car je n’ai pas voulu lui attacher son manteau ni la laisser (...)

L’esprit vient bien aux filles

Aujourd’hui, A et sa maman sont allées faire les magasins. M et moi sommes restés entre hommes. J’entends les rires d’A qui est dans le parc avec M. Je ne les laisse pas trop longtemps seuls car elle a une fâcheuse tendance à manquer l’écraser. Quelques heures ont passé, M n’a pas été écrasé. Il a eu un peu de mal à débuter sa nuit tout à l’heure. Depuis lundi, il sait s’asseoir tout seul ; il le fait, se donnant ainsi moins la possibilité de s’endormir rapidement. Je suis souvent très près de renoncer à mon abonnement à Télérama. Et puis, parfois, un (...)

On a donc entendu la voix d’un de ses doubleurs

Nous avons passé la fin de l’après-midi chez des amis. A et J, sa copine, ont bien joué. Le retour a été un peu difficile -18 heures ce c’est jamais une très bonne heure – mais rapide, nous avions pris la voiture seulement parce qu’il pleuvait assez fort. J’ai entendu quelque chose d’aberrant ce matin à la radio. Je me suis dit qu’il fallait que je le souligne ici. Mais j’ai oublié de quoi il s’agissait. Ce n’était sans doute pas très important. C’était peut-être à propos de Charlton Heston. Ca me revient : sur Europe 1, pour illustrer son décès, on n’a (...)

Un nouveau sport olympique

Hier, les Chinois étaient à Paris. La flamme olympique en vedette, le maniement d’extincteurs promu nouveau sport olympique, notre capitale s’est offerte une belle pagaille comme elle en a le secret. Le scénario semblait avoir été écrit pour un jeu de télé réalité mêlant sport et aventure : les rouges sont les gardiens d’une flamme dont les bleus doivent s’emparer. Bush, les Russes, les Chinois, je n’aime pas cet unanimisme moutonnier qui nous force à faire semblant de penser selon le sens du vent médiatique. Je vois dans cette pratique les relents d’un colonisateur (...)

Chaque année se terminant nous rapproche de la fin

Comme souvent, c’est le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon qui a apporté une voix discordante, cette fois à propos de la Chine. Je ne suis pas l’un de ses fans mais je dois lui reconnaître ce mérite. Un collègue disait hier midi qu’il avait hâte que l’année se termine. Je lui ai répondu que chaque année se terminant nous rapproche de la fin. L’autre jour, une élève de première regrettait l’insouciance et la liberté de ses dernières années. Le passage à l’enseignement supérieur semblait l’angoisser. Entendu à la radio : dans son prochain album Carla (...)

La semaine qui précède les vacances de printemps sera peut-être animée

Des élèves en voyage à l’étranger, moins d’heures de cours. J’ai ai profité pour faire ce matin mes courses du mercredi. J’ai évité la moyenne surface en travaux pour me retrouver chez son grand frère, avec beaucoup de rayons et déjà du monde. Certains de nos élèves sont allés manifester à Paris. La semaine qui précède les vacances de printemps sera peut-être animée. (...)

Etre privée de Japon comme on est privé de dessert

J’ai surpris une élève en train de tricher à un contrôle. Je sais que je ne devrais pas mais je considère les tentatives de fraude comme une sorte de trahison. Des émeutes de la faim commencent à se développer dans certains pays en développement. Chez nous, on en est à priver de Japon, comme on prive de dessert, une secrétaire d’Etat à l’environnement qui traite de lâches le président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale et son propre ministre de tutelle. Elle a présenté ses excuses et n’a pas démissionné. Pourquoi la garder ? Je dois être naïf de penser que (...)

Je ne suis pas certain que les victimes des crises partagent mon enthousiasme

Si les historiens ont l’avantage de connaître la fin du film, les économistes ont celui de profiter de son avancement en temps réel. Ainsi, la crise financière qui a commencé avec celle des subprimes aux Etats-Unis et l’assaut sur Yahoo ! livré par Microsoft se transforment en véritables aventures. Je ne suis pas certain que les victimes des crises partagent mon enthousiasme. M donne l’impression de comprendre le verbe « donne » lorsqu’on lui tend la main alors qu’il tient un objet. Il essaie alors de prononcer un « tiens ». (...)

De quoi nous faire rêver

Visite chez des amis qui occupent une grande maison de pierres avec beaucoup de pièces et un grand sous-sol. De quoi nous faire rêver, nous qui manquons cruellement de places. Les livres, les magazines et les activités manuelles de Martine occupent de plus en plus d'espace. Sans oublier les jouets des enfants. Nous commençons demain la dernière semaine de cours avant les vacances de printemps. Cette période entre deux vacances aura été très courte. Achat de La Quinzaine littéraire, articles sur Russell Banks et Munoz Molina (ce ne sont pas les seuls mais ce sont eux qui ont attiré (...)

Elle avait décidé de porter son petit frère

En fin d’après-midi, j’ai trouvé A penchée sur son petit frère qui était assis par terre. « Que veux-tu faire A ? « (voix forte manifestant un début de mécontentement). Elle avait décidé de porter son petit frère, comme elle avait vu son copain J le faire avec sa petite sœur. Nous lui avons expliqué qu’il ne fallait pas. M commence à adopter la position dite du chevalier : une jambe droite et l’autre pliée, position qui précède la posture debout. Aujourd’hui il s’est encore beaucoup amusé à tendre et à prendre des objets. Il essaie de dire « donne ». (...)

Première dent

M a sa première dent. Ce soir, il a du mal à s’endormir. S.Berlusconi est élu une troisième fois président du Conseil. Comment les Italiens font-ils pour élire si souvent un personnage que les médias français trouvent aussi peu recommandables ? (...)

Le taux de change, faut que ça change

En difficulté face à la question d’un auditeur, Guillaume Durand nous a gratifié hier d’un brillant « le taux de change, faut que ça change ». L’auditeur, comme d’autres, s’étonnait de la hausse du prix de l’essence conjuguée à celle du cours de l’euro par rapport à celui du dollar. Puisque le cours de la monnaie européenne augmente, nous devrions payer l’essence moins chère. Non, mais s’il venait à baisser, elle serait encore plus coûteuse. Martine n’a pas perdu son temps en emmenant les Petits chez la pédiatre, pour une simple visite : M a un début de (...)

Il s’agit d’un virus

Les boutons d’A ne sont pas contagieux et vont disparaître d’eux-mêmes d’ici quatre semaines. Il s’agit d’un virus. J’ai découvert un site qui abrite des magazines réalisés en flash. Ces publications ringardisent tous les blogs et autres magazines en ligne traditionnels. Nous sommes en vacances de printemps. Une nouvelle fois, je n’ai pas vu passer les semaines qui nous séparent des derniers congés. (...)

Elle veut faire tout ce que son petit frère fait

J’ai téléchargé OpenOffice sur les deux ordinateurs. Je viens de m’apercevoir que la version installée sur le portable est en anglais. M joue de plus en plus à « tiens-donne », A s’y est mise aussi. Elle veut faire tout ce que son petit frère fait. Les deux risquent de tourner en rond à force de vouloir s’imiter. M va bientôt se tenir debout tout seul, il essaie de le faire en s’aidant des barreaux de son parc lorsque je lui tends les bras en disant « tu viens, M ». (...)

Tout à l’heure, A lui chantait une berceuse

D a passé la journée à la maison. A était ravie d’avoir un petit compagnon de jeu, même si le prêt de certains jouets n’allait pas de soi. Elle l’aurait bien accueilli plus de temps. M a du mal à s’endormir. Il pleure depuis un petit moment, marquant parfois un temps d’arrêt qui permet d’envisager une plongée proche dans le sommeil. Tout à l’heure, A lui chantait une berceuse. Au moins, elle le calme. Pour se défendre, les Chinois ont l’air de s’organiser mieux que les Serbes. (...)

Il la regarde attentivement sans songer à fermer l’œil

Retour à la campagne pour ce début de vacances de printemps. M a beaucoup de mal à s’endormir, encore plus qu’à la maison. Il est un peu plus de 21 heures 30 et il est allongé sur sa maman assise sur le canapé. Il la regarde attentivement sans songer à fermer l’œil. Dans la journée, il s’est un peu amusé à se cacher derrière son doudou. Le jeu du « coucou beuh ». L’autre jour, je ne sais plus qui déclarait à la radio qu’il n’aimait pas son époque. Ne s’agit-il pas surtout d’une idéalisation du passé ? Autre exemple : quelqu’un remarquait que notre (...)

Des endroits stratégiques pour prendre l’animal en tenaille

Ce matin, nous avons organisé une chasse à la souris. Martine était armée de l’aspirateur en marche, A et son papa se tenaient à des endroits stratégiques pour prendre l’animal en tenaille, M pleurait dans son lit, avec peut-être la conscience de manquer un grand moment. Nous avons, assez rapidement, réussi à la faire sortir du canapé qui lui servait de domicile puis de la maison, avec un peu plus de mal. La salle à manger donne en effet directement sur le jardin. Martine a ensuite regretté, après notre brillante victoire, que nous n’ayons pas pensé à filmer la scène, (...)

Des magasins utilisés

Sarko est un devin, une sorte de génie. Il y a un an, il plaça la question du pouvoir d’achat au centre de sa campagne, faux problème à l’époque, qu’il n’a donc pas réussi à résoudre. Avec l’augmentation du prix des céréales et du cours du pétrole, cette question devient plus réelle mais n’est rien à côté des émeutes de la faim que connaissent les pays en développement. Hier soir, lorsque j’ai dit à A que nous irions aujourd’hui dans des magasins, elle m’a demandé « des magasins utilisés ? ». Moi : « des magasins utilisés ? » ; elle : (...)

Le penseur du siècle

D’après Le Magazine Littéraire, Claude Lévi-Strauss est « Le penseur du siècle ». Une lecture trop rapide pourrait fausser l’interprétation de cette expression, qui ne signifie pas que l’ethnologue est le principal penseur du XXème siècle mais qu’il a su penser le siècle. Je le précise car j’ai commis la confusion en voyant la couverture du magazine. Dans une publication bretonne, JM.le Pen nous refait le coup des « chambres à gaz, détail de l’histoire de la Seconde guerre mondiale ». Profitant de l’affaiblissement sarkozien, il compte de nouveau sur la (...)

Journée estivale

M se met de plus en plus debout tout seul lorsqu’il est dans son parc. Il l’a fait pour la première fois avant-hier et y a pris goût. Nous avons fait aujourd’hui une longue promenade dans Montargis, profitant d’une journée estivale. Les terrasses du quartier des Pêcheurs étaient pleines, montrant que le soleil a plus d’influence sur la consommation que le pouvoir d’achat. (...)

Dans un monde parallèle où son idole n’existe pas

Pique-nique au bord de l’eau, A était ravie et M a apprécié sa position assise sur la nappe posée à même le sol. Hier, il n’avait pas aimé la même position dans l’herbe. Il faut dire qu’il n’est jamais resté assis très longtemps, préférant tenter d’attraper tout ce qui était à la portée de ses petites mains, déplacement sur le ventre compris. « Jean-Philippe » à la télévision, Fabrice Lucini, fan absolu de Johnny Hallyday, se retrouve dans un monde parallèle où son idole n’existe pas. Dans la maison de campagne, la télévision et l’ordinateur (...)

Un auteur tendre et furieux à la fois

Un éditeur, pensant que le filon n’est pas encore tari, est allé chercher la mère de Michel Houellebecq pour commettre un livre sur son fils. On demandera peut-être un jour à son chien de raconter sa vie. Michael Haneke termine ainsi l’entretien qu’il a accordé à Télérama (25 avril 2008) : « Et pour le reste, je confesse un gros faible pour les romans de Michel Houellebecq, un auteur tendre et furieux à la fois. Un peu comme moi… ». M a beaucoup progressé lors de notre séjour en nos terres du Gatinais. Il ne perd pas une occasion de se mettre debout et rampe de plus (...)

Enfermée dans un flacon tel un chutney fait maison

« A certains moments, cette biographie lui donnait la nostalgie rassurante d’une Angleterre tendre, verdoyante, où l’on voyageait en voiture à cheval ; à d’autres , il se sentait vaguement déprimé à l’idée qu’une vie tout entière pût tenir en quelques centaines de pages – enfermée dans un flacon tel un chutney fait maison. » J’ai repensé à cette phrase de Ian McEwan (dans son roman « Samedi ») en parcourant le cahier où mon père a consigné tous les événements de son existence, année par année. Une annotation toute administrative, avec très peu de (...)

Souvenirs d’anciens combattants, défenseurs sourcilleux du dogme

Nous ne sommes pas encore en mai que l’overdose nous gagne. Souvenirs d’anciens combattants, défenseurs sourcilleux du dogme, mai 68 est à la mode. Surtout, ne leur dîtes pas que mai 68 a fait le lit du capitalisme financier mondialisé. « 40 ans après, voyons, c’est d’un ridicule achevé » comme pourrait le dire le sénateur socialiste Henri Weber. Il est vrai que 40 ans, dans l’histoire de l’humanité, c’est une très longue période, suffisamment pour que toute conséquence disparaisse, comme par enchantement. Il y a eu deux mai 68 (le cœur de mes lectrices : tu (...)