Un rêve de Phébus

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mai 2007

Nous avons compris l'économie

Hier, A a fait un bisou sur le ventre de sa maman, pour « le petit frère ». « Le petit frère s’appelle M. » Nous aimons cette phrase. Dans une conversation MSN avec une ancienne élève, je lui disais que je trouvais que le débat entre Ségolène et F.Bayrou n’avait aucun intérêt, qu’il me semblait même néfaste. « Vous êtes sarkozyste alors » a-t-elle répondu en souriant. J’aggrave mon cas en écrivant ici que la plupart des attaques concernant le candidat de l’UMP me semblent injustes car exagérées. Certains collègues ou voisins sont catastrophés à (...)

Analyse politique

Ségolène et Sarko vont se serrer la main à 20 heures 50 précises. Il ne sera pas dit que mon journal ne parlera que de ma seconde fille, je sais aussi aborder les sujets sérieux. Le débat va se regarder comme une rencontre de football, l’attente de la petite phrase assassine remplacera celle du but. Ce n’est pas un hasard si nos clubs ont tous disparu des coupes d’Europe. Les Anglais, qui trustent la ligue des clubs champions (je ne suis pas certain que ça s’appelle ainsi) ne doivent pas avoir d’hommes politiques aussi bons que les nôtres. (...)

Je ne vois pas pourquoi elle n’y parviendrait pas

Cet après-midi, après mes cours, j’avais du mal à réaliser que nous étions jeudi. Comme j’ai passé le mardi 1er mai à croire que nous étions dimanche, je fais preuve d’une certaine logique. Le débat d’hier soir entre les deux prétendants à la magistrature suprême (je précise car si je me contente d’écrire « le débat », les chercheurs des années 4000 auront du mal à me comprendre), a été au centre de beaucoup de conversations. Je soupçonne Ségolène d’avoir fait semblant de se mettre en colère. Si je suis capable de le faire avec mes élèves ou mes (...)

Une gauche nationale familiale

Je crois que ma décision est prise, je ne peux pas voter Ségolène. J’ai voté quatre fois pour François Mitterrand, j’ai voté deux fois pour Lionel Jospin (en 1995, même si j’en suis moins certain pour le premier tour), j’ai adoré les élections de 1981, période que je n’ai jamais reniée, même lorsqu’il était de bon ton de le faire. Là, je ne peux pas, je ne peux pas voter pour « cette gauche « nationale familiale » qui a perdu toute dimension de rêve, d’utopie, de folie, d’intelligence, d’imagination, d’audace », pour reprendre les propos de Marcela (...)

La petite était radieuse

Je bénéficierai d’une procuration demain, pour une personne qui souhaite voter comme moi. Ainsi, ma voix comptera double. Je m’en veux d’attendre avec impatience un résultat attendu, des commentaires prévisibles, aussi bien demain soir que les jours qui vont suivre. Visite rapide, en fin d’après-midi, dans un centre commercial avec mes deux filles, dans le but d’acheter un nouveau sac à dos, garanti trente ans. La petite était radieuse, une main dans l’une de celles de sa grande sœur, l’autre dans l’une des miennes. (...)

Ballons bleus !

Un peu plus de 18 heures et tout le monde, ou presque, connaît le résultat des élections. Les médias officiels vont faire semblant de faire durer un faux suspens jusqu’à 20 heures mais les chiffres circulent partout sur le net, forums, listes de diffusion, courriels. C’était peut-être mieux lorsque le résultat était connu en même temps par tous. Le temps a passé et il est presque 22 heures. A était assise à côté de moi pour découvrir les premières images de la victoire de Sarko ; « ballons bleus, ballons bleus ! ». Puis elle a applaudi plusieurs fois pendant le (...)

Pierre et Raphaël en route vers la gloire

Je suis horriblement jaloux, non parce que Martine a passé les deux derniers jours de la semaine au milieu de gendarmes mais parce que, dans un papier (Le Figaro Magazine du 5 mai 2007) consacré aux blogs d’écrivains, Anthony Palou évoque mes amis Pierre Cormary et Raphaël Juldé, sans parler de moi. Avouez que c’est rageant, beaucoup plus que la défaite, annoncée, de Ségolène. Pierre est décrit comme une des cibles d’un dénommé Stalker et Raphaël comme quelqu’un à qui « il n’arrive absolument rien à part les quelques lectures qui ponctuent ses longues journées ». (...)

Mai

Sinistre mois de mai où, il y a déjà quelques années, Al avait concrétisé son entrée dans notre famille. Aujourd’hui, les urgences de l’hôpital de M ont fait revenir à ma mémoire ces sinistres souvenirs. Je rassure mes lecteurs, que parfois j’inquiète, rien de grave. (...)

La gloire de la marine française

Pourquoi reprocher à notre futur Président de la République ce bref séjour dans le yacht d’un de ses amis, Vincent Bolloré ? Il ne fait ainsi que rendre hommage à la tradition maritime française. Guérilla urbaine, un point de rassemblement des poubelles de notre résidence a brûlé en tout début d’après-midi, puis une voiture à quelques dizaines de mètres de là. Dans notre quartier, le propriétaire du véhicule a sans doute voté pour Ségolène et aura du mal à le remplacer. (...)

Un nouveau mode de déplacement

A a trouvé un nouveau mode de déplacement dans l’appartement, elle court. Ce n’est pas très reposant, elle risque souvent la chute mais il faut bien qu’elle applique toutes ses découvertes. D’après une puéricultrice, elle n’est plus un poupon petite fille mais une petite fille prête à aller à l’école. (...)

Contraste

Une nouvelle semaine de cours qui s’achève, aussi tronquée que la précédente avec le 8 mai qui a succédé au 1er mai. Celle qui commence lundi ne comportera pour moi que deux jours de cours. C’est le contraste du mois de mai : beaucoup d’heures de cours en moins mais beaucoup de copies. Je serai ainsi disponible pour accueillir vendredi Charlotte (de Belgique) qui, si elle peut passer à la maison, verra combien A a changé. (...)

L'amour pour les nuls

Je suis allé nourrir le chat de mon père ce matin, qui était le nôtre avant la naissance d’A. Il lui restait encore beaucoup de croquettes dans sa gamelle, ce qui m’a bien arrangé car je n’ai pas trouvé la réserve de ces délicieux mets pour félins. J’en apporterai à ma prochaine visite. Je me suis arrêté sur la route du retour dans un Virgin. Un jeune couple devant l’exposition de plusieurs ouvrages de la collection « pour les nuls » ; lui s’exclame : « Il y en a sur tous les sujets, tu sais, c’est comme Window pour les nuls » ; elle, songeuse : « Ce (...)

La politique comme je l’aime

Parmi les nombreux livres suscités par l’élection présidentielle, le Journal du Dimanche de ce 13 mai publie des extraits de celui de sa chroniqueuse, Michelle Stouvenot, intitulé « Journal d’une curée de campagne », ce qui ne manquera pas de faire plaisir aux lecteurs de Bernanos. Quelques morceaux choisis : « Ségolène Royal, jupe fendue et rayonnante, esquisse quelques pas de danse sur un rap de Diam’s devenu l’hymne des lycéens anti-CPE (…) Titre de la chanson ? « La boulette ». « Bien choisi », ricanent les socialistes. » ; Sarko à propos de (...)

J'aggrave mon cas

Des millions de citoyens ont voté pour Nicolas Sarkozy, mais pas sa femme. Quant à Ségolène, elle veut bouter son compagnon hors de la présidence du parti socialiste. La République, cinquième du nom, devient ainsi un joyeux vaudeville. Une collègue m’a réprimandé parce que j’avais osé prétendre que la victoire de Sarko ne m’inquiétait pas. J’ai aggravé mon cas en ajoutant que si on avait réellement voulu battre Sarkozy, on aurait choisi un autre candidat. Puis j’ai étalé encore plus ma mauvaise foi : « Ségolène venant de se déclarer candidate pour 2012, on va (...)

Un jour, il faudra que je me lance dans l’analyse politique.

Le parti socialiste n’a pas de chances. Ségolène l’a fortement endommagé de l’intérieur, Sarko menace de l’achever à coups de missiles en proposant des postes de ministres à des socialistes. On croirait presque une action coordonnée. Ce parti a été construit par et pour François Mitterrand, il ne lui a peut-être pas survécu. Un jour, il faudra que je me lance dans l’analyse politique. (...)

Une belle promenade

Travaux ce matin dans la cuisine, des plombiers ont changé la colonne d’eau. A midi, nous avons pique-niqué dans la salle à manger. Le réfrigérateur était inaccessible mais pas le balcon, sur lequel j’avais déposé les sacs que nous n’avions pas pu vider à mon retour des courses. Comme A était prête avant mon départ, elle m’a accompagné dans cet exercice sans cesse recommencé, se faisant offrir par son papa une belle promenade en caddie dans les rayons du supermarché. Elle tenait doudou Dodo dans la main gauche et une pomme de pin dans la droite. (...)

Kilomètres

Beaucoup de kilomètres aujourd’hui, je ne pense pas avoir pris, pour revenir de M, le chemin le plus court, mais au moins je ne me suis ni perdu, ni retrouvé dans le centre-ville de M comme la dernière fois. J’ai déjeuné dans une cafétéria avant d’arriver à l’hôpital, en parcourant le Figaro puis en lisant les Bienveillantes, roman abandonné provisoirement depuis de longues semaines (d’autres lectures sont passées par là) une centaine de pages avant la fin. Je pense le prêter à Charlotte qui nous fait la joie de venir demain prendre le café chez nous. (...)

Aspirateur

Fin de matinée, Martine est partie faire quelques courses avec Nath. J’ai passé l’aspirateur, A a tenu à m’accompagner avec le jouet dévolu à cet usage ménager. Elle le fait très sérieusement. Là , elle est en train de s’escrimer sur son piano. Des morceaux d’escalope et du riz sont en train de cuire. Charlotte verra ainsi à quoi elle a échappé en ne venant que pour le café. Début de soirée, notre amie est arrivée pour le goûter. A a un nouveau doudou, un dragon, et trois livres ont quitté provisoirement ma bibliothèque. (...)

Les bobos ne l’aiment plus

Publication des Extravagants, le premier roman de Paul Morand, écrit alors qu’il avait 20 ans. D’après Bernard Chapuis (Madame Figaro du 19 mai), « ces débuts donneraient la leçon à nombre de confirmés actuels ». J’ai terminé les Bienveillantes, que j’ai pu prêter à Charlotte, dont la visite fut bien trop courte. Dans le premier gouvernement Fillon, j’apprécie la présence de Rachida Dati, ministre de la justice. Il a fallu attendre la présidence de Sarko pour qu’une fille d’immigrés occupe un des plus prestigieux ministères, comme il a fallu un Bush pour (...)

Une arrivée anticipée ?

Depuis trois ou quatre nuits, A pleure dans son lit après les bisous et notre sortie de sa chambre. Elle a recommencé ce soir mais a l’air de s’être calmée. En général, la recherche du sommeil de la nuit ne crée aucune difficulté alors nous sommes surpris. Est-ce lié à la rougeur de ses fesses (« ça pique »), à l’arrivée prochaine du petit frère qu’elle anticiperait ? (...)

Tu te rends compte, on va en avoir deux

Demain, nous en saurons un plus sur la date de l’arrivée du bébé, ou pas. Martine : « Tu te rends compte, on va en avoir deux ». Sortie parisienne avec une de mes classes : musée, théâtre et restaurant. (...)

Une bonne idée

A s’est endormie plus facilement ce soir. La naissance de son petit frère approche. La date a été fixée, il n’aura qu’une petite quinzaine de jours d’avance. C’est une bonne idée de naître juste avant les vacances scolaires d’été. Je vais avoir le temps d’en profiter et il me dispense de Bac. Quelques élèves de première S viennent assister à mes cours. Ils vont changer d’orientation et voient ainsi ce qui les attend. Le chemin inverse (ES vers S) est plus rare. (...)

Lycée

Comme chaque mercredi de cette année scolaire, nous avons déjeuné avec Nath et sa meilleure amie. A est bien entendu ravie de cette double présence. Parfois, l’amie de Nath a le temps de jouer avec elle ou, mieux encore, de lui lire une histoire. Le plaisir est alors à son comble. Puis je les conduits au lycée. J’ai dû une fois emmener A avec nous., elle a pleuré lorsque j’ai déposé les filles : elle voulait les suivre au lycée. (...)

Modes

Après les ventres il y a quelques années, les strings un peu plus tard, la saison est aux poitrines en partie dénudées dans les lycées. Deux catégories de seins sont à distinguer : ceux qui se dévoilent fièrement et ceux qui ne le font que par intermittence, leur propriétaire jugeant parfois qu’il est temps de réajuster son vêtement. Demain, je termine ma chronique pour la Presse littéraire. (...)

Refuge

J’ai commencé La femme du Vème, le dernier roman de Douglas Kennedy. Un livre efficace, qui se lit facilement et pousse en permanence le lecteur à tourner la page pour connaître la suite. A est dans notre lit avec Martine, elle s’est réveillée en pleine nuit avec une grosse fièvre. Je suis allé me réfugier sur l’ordinateur portable. Je vais bientôt les rejoindre. (...)

La population aime

Après une campagne présidentielle qui a beaucoup occupé les esprits, les élections législatives semblent se préparer dans une indifférence quasi-générale. Le parti socialiste semble surtout occuper à ne pas lancer la curée interne trop tôt, de façon à sauver les quelques meubles qui peuvent encore l’être. Quant à Sarko, puisqu’il a compris que l’époque était au bougisme, il propose du mouvement. La population aime. J’ai envoyé hier soir ma chronique au Président ; A, Gil Graff, Gabriel Matzneff, Jonathan Littel et les Editions des femmes en sont les héros. (...)

Un peu plus d'autonomie pour elle

A a réalisé un nouveau progrès alors que nous déjeunions chez des voisins et amis : elle s’est assise toute seule sur une chaise d’adulte. Désirant en profiter pleinement, elle l’a fait plusieurs fois. Un peu plus d’autonomie pour elle, un peu plus d’inquiétude pour nous. Comme elle semble souffrir d’un début de gastro-entérite, elle a saisi l’occasion pour légèrement tacher la chaise, histoire de marquer son territoire. (...)

Une très longue nuit

Fin de matinée, A dort toujours, malgré le bruit des travaux d’une entreprise qui change des fenêtres quelques étages au dessus du nôtre. J’en profite pour corriger quelques copies, cette semaine étant consacrée au rattrapage de mon retard en la matière. Dans une semaine, la famille aura augmenté d’une unité. Un collègue me disait la semaine dernière « tu n’es déjà plus là ». Soir, juste avant d’aller dormir, A ne s’est réveillée qu’à 14 heures 35. Une très longue nuit ! (...)

Jeunes talents

Une élève m’a offert deux de ses œuvres réalisées pendant le cours d’art plastique, œuvres en rapport avec l’économie. Un autre m’a remis une bande dessinée. Je donne parfois des punitions sous forme de rédaction ; comme c’est un artiste j'ai demandé une bande dessinée. J’investis dans les jeunes talents ! Suite du compte à rebours : le bébé va être bientôt parmi nous. Je ne suis pas certain que Martine soit d’accord avec l’emploi de « bientôt ». (...)

Elles en ont caché des choses

Mise en garde de Nath à propos de l’élève qui m’a offert deux de ses œuvres : « Fais gaffe, elle va tomber amoureuse de toi ! ». J’ai répondu que c’était trop tard, puisqu’elle me les avait déjà offertes. Après le Sacre de Nicolas, j’ai acheté aujourd’hui La femme fatale, de Raphaëlle Bacque et Ariane Chemin, et Journal d’une curée de campagne, de Michèle Stouvenot. Raphaële Bacque et Ariane Chemin sont journalistes au Monde. Elles en ont caché des choses aux lecteurs du quotidien. (...)

Emotion

Séance émotion à la fin de mon cours de terminale, les élèves m’ont remis une carte composée de petits mots pour me remercier. Je les ai rapidement parcourus, scrutés par une trentaine de paire d’yeux. Je ne savais pas trop quoi dire. Une pirouette m’a aidé : « je regrette encore plus de rendre demain quelques mauvaises copies ». Puis, nouvelle surprise, un petit groupe d’élèves m’a offert une boite de chocolats. « Gardez les, nous sommes trop nombreux, il ne vous en restera plus pour vous ». (...)