Un rêve de Phébus

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avril 2007

Nous avons regagné la boucherie pour acheter un peu de viande

C’est fait, j’ai reçu ce matin un contrat de la maison Gallimard, mon roman est publié. Je m’y attendais mais, même sûr de soi, on éprouve toujours cette petite pointe d’inquiétude qui ajoute un peu de sel à l’existence. Il ne lui reste plus qu’à trouver ses lecteurs. Comme les articles de la presse vont être très élogieux, ils se bousculeront et je serai le plus heureux des écrivains, surtout lorsque mes jeunes lectrices m’enverront des lettres d’amour enflammées. Ce matin, A, qui revit, a pu m’accompagner dans mes petites courses dominicales. Je me suis (...)

Petit message personnel

Personne ne m’a félicité pour la publication de mon roman. Comme vient de me le dire Nanette, « ce qui m’a fait tiquer, c’est le facteur un dimanche ». « J’ai failli marcher, le reste me paraissait plausible ». J’ai au moins une lectrice qui n’a pas une trop mauvaise opinion de moi. A la fin de sa critique de l’ouvrage « Le souffre et le moisi », Christopher Gérard pose la question suivante : « Qui écrira la bonne et belle synthèse sur la droite littéraire ? » Je m’adonnerai bien à cette tâche plus tard, dans mes jours un peu plus vieux. J’ai (...)

Une occasion manquée

J’ai failli rencontrer Renaud Camus samedi. Il présentait les deux nouveaux tomes de son journal à quelques internautes, occasion à ne manquer sous aucun prétexte. Mais Martine a eu peur d’une arrivée imminente du petit frère et, comme je m’étais déjà absenté quelques heures pour faire passer des oraux de bac blanc, je n’ai pas eu le cœur à repartir, d’autant plus qu’A était en train de terminer une otite. Nous devrions être capable de vivre plusieurs existences en même temps. (...)

Aucun goût pour la provocation

A m’a accompagné pour aller chercher Nath au lycée en fin d’après-midi. Nous avons apporté un ballon et sommes arrivés en avance pour en profiter. Mais elle a plus été intéressée par des bâtons et par des cailloux que par le ballon. Nous avons croisé quelques-uns de mes élèves qui venaient de terminer leur dure journée de labeur. Gabriel Matzneff sur Radio Courtoisie, j’ai eu l’information trop tard mais au moins, je profite de la fin. « Je n’ai aucun goût pour la provocation. Je subvertis innocemment. » Le thème de l’émission est le journal intime. (...)

La science et ses merveilles

Les vacances de printemps commencent demain soir mais donnent déjà l’impression d’être présentes. Peut-être parce que le vendredi est une journée où mes cours ne se bousculent pas, ou alors parce qu’il fait encore jour alors que la soirée a commencé. Le Figaro d’aujourd’hui consacre presque toute une page à la lingerie féminine. Le lecteur a ainsi le plaisir d’apprendre que Wonderbra prépare un soutien-gorge à « faux tétons », destiné à faire croire que son heureuse propriétaire ne porte pas de dessous. (...)

La relève est assurée.

Beaucoup de copies pour ces vacances, et des rapports de stage, je vais essayer de ne pas accumuler trop de retard. Quelques rangements sont aussi prévus dans l’appartement, afin de faire un peu de place au petit frère. A son arrivée, il partagera notre chambre, dont j’aurai évacué l’ordinateur, puis celle d’A, avec laquelle il cohabitera quelques années. Charlotte, rencontrée au Salon du livre, souhaite devenir prof de sciences économiques. La relève est assurée. (...)

Le 11 septembre a été "une bonne chose"

Raphaël Juldé a réussi à se remettre à son roman. Je devrais en faire autant, sous peine de faire passer ce projet pour une simple foucade. Comme l’écrit Gabriel Matzneff dans Les Demoiselles du Taranne, « la supériorité d’un enfant de papier sur un enfant de chair, c’est que, ce petit Harrison nouveau-né, je vais pouvoir l’oublier, penser à autre chose ». Mais avant de l’oublier, il faut déjà le terminer ; et pour cela, dépasser les premières pages. Les raccourcis sont parfois risqués. Transfuge consacre en effet sa couverture à l’entretien entre Jay (...)

Ailleurs non plus

Journée très agréable chez ma petite sœur. Martine ne pouvant plus beaucoup conduire, je me suis attelé à cette corvée. Je n’aime pas circuler en voiture dans Paris lorsque je suis au volant, ailleurs non plus en fait. Mes deux filles étaient avec nous, ainsi que mon père. A a été très autonome, allant jouer et lire dans la chambre des garçons, puis regarder sa cousine dessiner dans sa chambre. Au moment de partir, elle refusait d’embrasser son oncle, signifiant ainsi qu’elle voulait rester. (...)

Une faiblesse pas toujours partagée

Hier, en revenant de M où j’avais raccompagné mon père, j’ai pu trouver les journaux du week-end dans une station service sise sur l’autoroute. Bien m’en a pris car, sinon, comment aurais-je pu savoir que Ian McEwan avait un frère caché de 65 ans (Madame Figaro du 6 avril 2007) ? Ma petite sœur m’a rendu « La possibilité d’une île » de Michel Houellebecq et m’a prêté « Grande Jonction » de Maurice G.Dantec. Nous avons quelques goûts littéraires communs, même si je ne sais pas encore si j’aime MG Dantec. J’ai en effet la faiblesse, pas toujours partagée, (...)

Campagne

Encore beaucoup de voiture aujourd’hui, mais sous des cieux plus calme : A a pu visiter la maison de campagne de son papi. Elle a adoré et a passé de très bons moments à arpenter les chemins de cailloux et à se poser dans l’abri de jardin des voisins, lequel lui a semblé être la plus merveilleuse maison de campagne qui soit. Grâce à la diligence de Valérie S, j’ai reçu les deux tomes du Journal de Travers de Renaud Camus, journal qui se veut exhaustif sur une année entière. (...)

D'une histoire à l'Histoire

Sortie parisienne avec ma fille aînée : boutiques gothiques, repas sur les marches de l’Opéra Bastille et le très grand et très beau « La vie des autres ». « Good-bye Lénine » présentait un communisme light, pour lequel on pouvait éprouver une certaine nostalgie, « La vie des autres » remet les pendules à l’heure. Mais la principale qualité de ce film est ailleurs, dans le caractère intemporel de son histoire. Avec la chute du Mur de Berlin, puis avec la disparition de l’URSS, j’ai eu pour la première fois l’impression de vivre l’Histoire. Le Mur de Berlin (...)

Ainsi vont les vacances

Le matin, un peu après 9 heures, Martine est partie en expédition à la Sécurité sociale. Je viens d’habiller A, en pleine forme, alors qu’hier matin, elle n’était que pleurs, lendemain de fête. Elle a placé des petites boules dans une boite et je lui demande la couleur de celle que je prends dans ma main. Elle ne se trompe pas. L’eau de mon bain est en train de refroidir, je vais m’y précipiter. Un peu plus tard, Martine est revenue puis repartie : il manquait un papier, qui pourtant n’avait pas été demandé. L’eau du bain n’était pas trop froide. Je vais (...)

Non, c’est du riz

Suite des rangements, nous n’en voyons pas encore la fin mais nous progressons. Nous préparons la partie de notre chambre qui nous sert de bureau afin qu’elle puisse accueillir les premières semaines du petit frère. Ensuite, il nous faudra aménager la chambre d’A pour qu’elle puisse dignement accueillir le bébé. Ils partageront pendant quelques années la même chambre. Ce soir, Martine nous a préparé des pâtes aux poireaux, ou des poireaux aux pâtes, c’est selon. Il y avait deux sortes de pâtes, des coquillettes et des spaghettis. A s’est empressée de manger la seule (...)

C’est à ce moment-là qu’elle méritera d’être défendue

Conversation avec une militante altermondialiste : l’affrontement autour du Traité pour une Constitution européenne a laissé des traces et elle votera sans hésitation, ni scrupule, pour José Bové. Puis elle évoque certains de ses proches, électeurs socialistes depuis des lustres, qui voteront pour François Bayrou. Michel Rocard a, dans la semaine, tiré le premier sur Ségolène en laissant entendre qu’une partie de la gauche pouvait gouverner avec F.Bayrou. Bernard Kouchner l’imitera dans un article du Journal du Dimanche, à paraître demain. Si Ségolène est éliminée à (...)

Des compagnons de jeu fort estimables

Nous avons cet après-midi profité du jardin de MCP, en sa compagnie et en celle d’un de ses collègues, récent biographe d’un abbé oublié. Le jardin a aussi reçu la visite de deux canards, qu’A a poursuivis pendant quelques temps, pensant sans doute qu’ils constitueraient des compagnons de jeu fort estimables. Ils ne se sauvaient pas très vite, juste ce qu’il fallait pour lui échapper. Dans Madame Figaro daté du 14 avril 2007, Elizabeth Gouslan présente quatre bureaux, dont celui de Jean-Paul Enthoven qui avoue entretenir « un lien quasi érotique » avec son ordinateur. (...)

Ne pas en parler

Depuis deux jours, A nous laisse faire la grasse matinée. C’est appréciable, même si les matinées paraissent très courtes ensuite. Ce soir, nous accueillons une de nos nièces qui vient passer quelques jours à la maison. A sait qu’elle la verra demain, à son réveil. Les vacances passent trop vite ! François Bayrou va-t-il refaire le coup de Valérie Giscard d’Estaing en 1974 ? Un président de gauche, plutôt à droite ; un président de droite, plutôt à gauche ; F.Bayrou a déjà sa lignée. VGE n’a pas eu de chance, il s’est pris dans la tronche deux chocs (...)

Bons sentiments

Je ne me suis pas précipité trop vite mais j’ai fini par acheter Marianne pour savoir « ce que les grands médias n’osent pas ou ne veulent pas dévoiler » sur « le vrai Sarkozy ». Il ressort d’un texte de 11 pages que Nicolas Sarkozy est cassant, autoritaire et - c’est le secret enfin dévoilé – fou. Encore quelques articles de cet acabit et je vais finir par voter pour lui dès le premier tour ! Sur la trace de son cher Victor Hugo, Jean-François Kahn donne l’impression de chercher son empereur. On reproche aussi à Ségolène son autoritarisme et son côté (...)

Charlotte

Ma bibliothèque de travail s’est enrichi d’un nouvel ouvrage, L’économie pour les Nuls. J’ai parcouru quelques pages et ai eu la satisfaction de retrouver ce que je raconte à mes élèves. Excellente surprise en fin d’après-midi, le téléphone a sonné et j’ai eu le plaisir de reconnaître la voix de Charlotte (de Belgique), que je vois trop peu souvent, après avoir décroché. Je fais comme Gabriel Matzneff, maintenant qu’une seconde Charlotte ( de Bretagne) est entrée dans mon journal, je suis obligé de les distinguer d’une façon ou d’une autre. Ou alors, je vais (...)

Vie

Début de vie, fin de vie, les deux s’entrechoquent ; l’un permettant de ne pas succomber dans le désespoir absolu provoqué par l’autre. (...)

Convictions

On apprend, en lisant Les Demoiselles de Taranne, le titre d’un des prochains tomes du journal de Gabriel Matzneff, qui couvrira une partie des années 1989-2007 : Un chaos étincelant ; titre trouvé en 1988, comme une prémonition, confirmée par une note de 2007. Restaurant périgourdin à midi avec Guilaine D, attachée de presse aux Editions des femmes et l’écrivain Antoine Bueno. Une partie de la conversation a été consacrée à la politique. A Bueno, s’adressant à moi : « Si tu ne sais pas pour qui voter, vote pour Bayrou, pour nous faire plaisir ». Voilà pourquoi, (...)

Une autre façon de lire

Une petite pause dans mes corrections (fin de vacances oblige), j’ai à côté de l’ordinateur quelques pépites, des CD de la collection La Bibliothèque des voix, aux Editions des femmes : Fanny Ardent qui lit Stefan Zweig ; Isabelle Huppert, Nina Berberova ; Isabelle Adjani, Alice James ; ou, encore mieux, Françoise Sagan et Julien Gracq qui lisent leur propre texte. Une autre façon de lire, une redécouverte des œuvres et, en même temps, le plaisir du retour en enfance, « maman, raconte histoire ». Début de soirée, nous venons de coucher A. Une journée curieuse où la (...)

Aspirateur, téléphone et bibliothèques

Lorsque j’ai passé l’aspirateur, A m’a accompagné avec un jouet transformé en aspirateur. Elle l’avait déjà fait mais, cette fois, a accompagné son mouvement d’une sorte de cri, l’aspirateur étant bruyant. Puis j’ai téléphoné, alors elle a elle aussi allumé son téléphone. Lorsque j’ai posé mon appareil sur un rayon de la bibliothèque, elle a voulu que je fasse pareil avec le sien. Socialisation par l’exemple, ou comment se sentir observé. Parfois, j’entends : « papa prend son bain ». Urgence de trouver de la place dans les bibliothèques : deux tomes (...)

Elections

J’ai déjeuné dans un centre commercial, en compagnie du Figaro, de Libération et de leurs articles sur les élections. J’aime les récits de la soirée électorale vécue dans les différents quartiers généraux. Un slogan, injuste mais amusant, pour le second tour : « Ni gourde, ni gourdin ». Au dessert, j’ai savouré La Quinzaine littéraire avec des papiers sur Haruki Murakami et sur William Burroughs. Ce dernier a abattu sa femme en jouant à Guillaume Tell. (...)

Bouche

Hier soir, à table, Martine a interrogé A : « Où avons-nous mangé à midi ? ». Réponse : « Du jambon ». Martine : « Non, c’était du poulet. Alors, où avons nous mangé ? ». Superbe réponse d’A : « Dans la bouche ». L’ancienne élève, jolie brunette, rencontrée mercredi à l’épicerie était hier en fin d’après-midi à la sortie du lycée. Nous n’arrivons pas à nous séparer, d’autant plus qu’elle a dû me supporter quatre années de suite. (...)

Elle me conseilla d'attendre que quelqu'un sorte

Deux fois quatre heures presque non stop de corrections aujourd’hui, au lycée ce matin et dans un café de la capitale l’après-midi, une bonne heure de transports en commun entre les deux. A la fin, ma lecture était de plus en plus rapide et mon regard de plus en plus aiguisé ; il fallait lutter contre les lignes qui avaient tendance à partir dans tous les sens. Ma table donnait sur le trottoir, vitres du cafés ouvertes, je regardais avec surprise les passant parlant fort et tout seul, en réalité à leur téléphone portable, avec moins de surprise les jolies lycéennes et (...)

Productivité

En allumant la télévision, hier ou avant-hier, j’ai entendu un dénommé Devedjian prononcer une énormité économique. Julien Dray expliquait qu’une augmentation de la productivité compensait les 35 heures, son contradicteur a répondu que la productivité ne voulait rien dire, que si on ne travaillait qu’une heure on aurait une productivité gigantesque (je cite de mémoire). Pourquoi est-ce une énormité, mesdemoiselles et messieurs les lycéens en classe de seconde, option SES ? Parce que la productivité se calcule à partir de la production. (...)

Grands hommes

Bronislaw Geremek, l’un des héros du syndicat Solidarnosc, explique dans le Monde daté du 27 avril 2007 pourquoi il refuse la « lustration », qui consiste à certifier qu’on n’a pas collaboré avec les services de sécurité communiste. J’aimerais savoir ce que faisaient les rédacteurs de cette loi lorsque B.Geremek risquait sa vie pour combattre le communisme. Après Boris Eltsine, c’est un autre personnage historique qui vient de disparaître, Mstislav Rostropovitch. Nous, nous avons François Bayrou qui n’a pas compris qu’il n’était pas qualifié pour le second (...)

Pâte à modeler

La matinée prépare tranquillement son basculement dans l’après-midi. Dans la cuisine, Martine fait un gâteau. Dans le salon, A fait des trous dans des galettes constituées de pâte à modeler. Elle joue avec les moules, sans connaître encore leur destination. De temps en temps, elle me regarde en souriant, « c’est bien la pâte à modeler ». « La pâte à modeler, c’est fini ». Nous rangeons ensemble la pâte à modeler puis A rejoint sa maman dans la cuisine, motivée par la confection du gâteau. (...)

La barbe de Benjamin

A midi, à la fin du repas, A se touchait le menton comme moi la barbe. Martine lui a demandé si Loulou le Pou était dans la barbe de papa. « Non, il est dans la barbe de Benjamin ». Comme je n’ai pas cours le mercredi, les deux semaines qui viennent ne vont pas être trop chargées, d’autant plus que le mardi est ma journée la plus fournie en heures de cours. Malheureusement, beaucoup de copies m’attendent, commençant à s’impatienter. Le Masque et la Plume, une nouvelle fois, les critiques littéraires sont surtout là pour faire leur numéro. (...)

Venises

Comme lundi dernier, lecture de la presse en mangeant un sandwich à midi. Puis je suis allé à la Fnac, me promener un peu parmi les livres. J’en suis ressorti avec la réédition de Venises, de Paul Morand, dans une nouvelle édition accompagnée d’un CD composé d’entretiens radiophoniques avec l’écrivain diffusés en 1971. J’ai écrit sur son tapis à dessin le prénom d’A, qui a su le lire. Puis j’ai écrit « papa », elle a lu « A », son prénom. Peu de temps avant, Martine avait déjà écrit son prénom. Tout ce que nous écrirons sur le tapis sera « A » ! (...)