Un rêve de Phébus

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mars 2007

Une chose que ma mère m’avait demandé de ne pas faire

L’intérêt d’un magazine comme Philosophie magazine est qu’il permet de lire des choses passionnantes sans avoir besoin d’ouvrir des livres compliqués, que l’on n’arrivera pas à comprendre. La presse littéraire du jour donne envie de lire deux ouvrages : « Un roman russe » d’Emmanuel Carrère et la correspondance de Truman Capote. « Un roman russe est un livre à cœur ouvert, déchirant parce qu’il met en pièces les faux-semblants de l’ego » (Le Figaro du 1 mars 2007). Quant à la correspondance de Capote, elle est « drôle et décapante » et « vaut (...)

C’est normal de vouloir connaître la suite de l’histoire non ?

A la sortie de son bain, j’ai raconté à A ses premières histoires. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? Parce que le soir, il fallait la coucher très vite, tellement elle avait besoin d’aller dormir (je sais, ça fait rêver au moins une de mes lectrices, que d’ailleurs nous visitons demain). Si nous traînions trop dans les préparatifs du coucher, ça n’allait plus. Second life est une belle réussite technique mais on n’y rencontre que peu de monde. C’est assez curieux parce que ce n’est pas l’impression donnée par la presse lorsqu’elle en parle. Télérama (3 (...)

Un écrivain peu rancunier

C’est assez ennuyeux de se dicter ses choix culturels par le Monde mais comment résister à Tristan et Isolde de Richard Wagner ? Grâce à la presse, j’ai ainsi quelques rudiments de culture picturale et musicale. Lire de mars 2007 consacre deux pages à Renaud Camus, écrivain peu rancunier puisque abonné au Monde. Explication : « J’y suis abonné, je n’arrive pas à lire un autre quotidien ». Nous avons fréquenté le 78 aujourd’hui, c’est une sorte d’ascension sociale. (...)

Lycée

Mon cartable est posé sur une chaise à côté de moi. J’ai du mal à le fermer, trop de choses dedans. Préparer ses affaires la veille au soir n’est-il pas le signe d’une grande conscience professionnelle ? Je reprends en effet demain le chemin du lycée. Cet après-midi, A a joué un long moment sur le balcon. Il a été difficile de la faire revenir à l’intérieur de l’appartement. Elle adore le balcon, comme elle adore sortir. Ce soir, elle nous a parlé plusieurs fois de Bob, le papa de L. Je crois qu’il a fait une touche. (...)

Fantôme

Martine a surpris A en train de tenir une conversation à quelqu’un (quelque chose ?) d’imaginaire. Elle l’a bien observée, A ne parlait ni à un doudou ni à une poupée. C’est encore un peu tôt pour l’arrivée de l’ami imaginaire, du fantôme comme disait ma fille aînée. De Henri Troyat, considéré par Nicolas d’Estienne d’Orves dans le Figaro (5 mars 2007) comme « l’écrivain préféré des Français », qui vient de mourir : « Le succès ne signifie rien. Je sais de quoi je parle : au matin de ma vie, j'ai vu mes parents tout perdre sur un revers du destin, (...)

En promenant un lapin et sa carotte dans sa poussette

Début de soirée, A se promène dans le couloir avec les sabots de sa maman, qui est en train de terminer la peinture d’un papillon. Elle revient vers nous, toujours en sabots, en promenant un lapin et sa carotte dans sa poussette. Je suis réquisitionné pour soulever la poussette au dessus du fil électrique de l’ordinateur. Je vais bientôt déposer A sur sa table à langer, pour que Martine lui change la couche, puis je la transporterai dans son lit. J’ai reçu aujourd’hui un livret de paternité qui pourra m’accompagner dans ma vie de père. (...)

Des ronds de serviette serviettés

Appel d’un chef d’établissement, je n’ai pas eu le cœur de refuser de venir faire passer des Tpe dans son lycée. Il va falloir que je traverse une bonne partie du département, mais comme c’est une charmante collègue qui lui a donné mon numéro de téléphone… Ma bonté me perdra, j’en ai conscience. Martine nous serviette des ronds de serviette. J’ai choisi des vaches pour le mien, avec une pensée amusée pour Benoît Duteurtre. Le nouveau tome du journal de Gabriel Matzneff , « les demoiselles du Taranne », est attendu pour le 22 mars. (...)

Bruxelles

Les cheveux d’A sont secs. Après le shampoing, donné par son papa, elle récupère brosses et peignes et rejoint sa maman sur le canapé. J’apporte en même temps le sèche-cheveux puis ouvre l’ordinateur. Amélie Nothomb à la Foire aux livres de Bruxelles : des photos sont déjà en ligne sur le blog d’une très bonne amie. Ca m’a fait plaisir de les voir réunies toutes les deux. (...)

L’édile aurait même fait des émules

Oublions la futilité des élections ; d’après Jean-Marc Parisis (Le monde du 9 mars 2007), « seul l’amour est révolutionnaire ». Page précédente, une lettre de New York rend compte du dernier roman de Thomas Pynchon, décevant d’après la personne qui l’a écrite. Mais, à supposer que cela ne soit pas que l’opinion d’une seule personne, un roman décevant de l’écrivain américain peut tout de même être bon. J’ai eu des échos des TPE, que j’ai faits passer à une autre classe, par mes propres élèves : je suis un professeur gentil. J’ai soigné ma (...)

Un petit garçon a tenté de lui offrir des fleurs

J’apprends en lisant le Figaro (10 mars 2007) que Jonathan Littell a appris en lisant le Figaro qu’il était devenu français. Sa demande de naturalisation a été refusée deux fois en 2006, la célébrité a du bon. Le soleil m’a permis cet après-midi de faire une promenade avec A et son vélo, avec une étape tourniquet et cheval à ressort. Un petit garçon de quelques mois son aîné a tenté de lui offrir des fleurs. Je crois qu’elle ne s’en est pas rendue compte. (...)

La vision d’un canard a consolé A de ce manque de bateaux

Promenade dominicale sur les bords de la Seine, avec A après son goûter ; nous n’avons pas pris le vélo car il y a un bois à traverser, qui descend vers le fleuve. Notre but était de voir des bateaux. Nous n’en avons vu que deux, dont l’un était arrêté et l’autre, un hors-bord, a fait demi-tour avant d’arriver jusqu’à nous. Mais la vision d’un canard a consolé A de ce manque de bateaux. Beaucoup de promeneurs, le soleil fait sortir. Nous avons bien profité de ces deux jours : petites courses le matin et promenade l’après-midi, en tête à tête père-fille. (...)

Caca

Cet après-midi, A a semblé demander à sa maman de lui changer sa couche (« couche maman »). Surprise, Martine lui a proposé d’aller sur le pot, avec quelques livres. A a accepté et, accaparé par sa lecture, a fait son premier caca dans son pot, que je me suis un peu plus tard empressé de nettoyer. Pré-inscrite à l’école, elle a peut-être compris qu’il fallait qu’elle envisage sérieusement de se préparer à l’étape fondatrice de la propreté. (...)

Etudes

Après trois étudiantes suivant un cursus universitaire , un élève de classe préparatoire va venir présenter sa formation à l’une de mes classes. Lorsque j’ai fait remarquer à mes élèves qu’il y aurait une nouveauté, un fille, l’air gourmand, s’est exclamée « ça va être un garçon ! ». Le lecteur attentif aura remarqué que la nouveauté à laquelle je pensais n’était pas celle-là. Un élève, mâle, ne voulant pas être en reste, a souligné qu’il avait beaucoup apprécié la dernière étudiante. (...)

Rencontre avec un gentleman

Nouvelle promenade sur les bords de Seine avec A, nous avons pu voir plus de bateaux que dimanche, mais le canard est resté invisible. A en profite à chaque fois pour cueillir des fleurs et, parfois, pour ramener un bâton. Nous avons croisé au retour une maman avec un petit garçon, tenant lui aussi un bâton, qu’il a proposé à ma fille. « Tu peux donner ton bâton au petit garçon ». Elle le lui a tendu et l’échange a ainsi pu se faire. Le petit garçon s’est alors aperçu que son nouveau bout de bois était bien plus petit que l’ancien mais, en parfait gentleman, il n’a (...)

Ménopause

Aujourd’hui A, affaiblie par une rhino-pharyngite, a bu des biberons de lait à tous ses repas, avant de s’endormir sur le dernier. Cela faisait quelques jours qu’elle avait des soucis de voix. Elle est repartie de chez le médecin avec deux brochures, l’une sur les vaccins et l’autre sur la ménopause. La soirée à M a été consacrée à Caïn et à Abel. Comment peut-on s’en sortir dans l’existence en se nommant « possession » et « rien » ? J’en ai profité pour laisser un billet à MCP. (...)

Clown

J’ai dormi près de trois heures cet après-midi, Martine devant me réveiller pour que je donne son bain à A. J’étais dans un état plus ou moins second mais j’ai tout de même savonné, raconté, chanté et mis de la crème partout où il faut le faire. A passe devant moi, elle va récupérer ses doudous qui doivent l’accompagner dans son lit. Je la suis pour la monter sur sa table à langer et pour faire le clown avec Doudou Dodo pendant que Martine lui donne un suppositoire. Doudou Dodo adore se percher au sommet de mon crâne. (...)

Ce n'est pas le même métier

Le sort s’acharne sur les candidats à l’élection présidentielle auxquels j’avais envisagé d’apporter mon suffrage. Le premier s’est rallié sans panache à Ségolène, le second n’a pu récolter les 500 signatures nécessaires pour se présenter. J’ai croisé un de mes élèves ce matin, alors que nous attendions avec Nath sa radio ; un élève que j’ai beaucoup apprécié, ce qui n’était pas le cas de tous mes collègues. Hier, j’ai refusé une proposition de jouer un rôle dans l’encadrement du lycée. Même en conservant des heures d’enseignement, ce n’est (...)

Salon

Chaque année, un pays est célébré par le Salon du livre de Paris. Cette fois, c’est le tour de l’Inde. Ainsi, nous pouvons en apprendre davantage sur la littérature indienne en lisant les divers magazines et suppléments de quotidiens consacrés aux livres. J’aime lire ces articles sur des sujets que je ne connais pas du tout. Je me rendrai samedi au Salon. (...)

Jusqu'à la ceinture

Comme François Bayrou, Ségolène prône l’institution d’une VI ème République dont on ne voit pas trop qu’elle serait l’utilité, sinon illustrer ce bougisme qui caractérise l’époque. La Constitution, c’est un peu comme les règles d’un jeu. Ce n’est pas parce qu’un joueur est faible qu’il doit éprouver l’irrésistible besoin de modifier les règles. J’ai été surpris de lire l’âge de Graeme Allright dans le dernier Journal du Dimanche (18 mars 2007). Il a en effet 80 ans. Une de mes tantes m’avait offert un de ses albums à l’occasion d’un Noël, sur (...)

Ecrivains

Journée lecture, Marc Lévy, Bernard Werber et Stephen King ont toujours la cote parmi les collégiens et les lycéens. Des poèmes aussi, classiques ou inconnus trouvés pour ces derniers, sans doute rapidement, sur internet. Demain, je consacrerai de nouveau quelques heures aux TPE, après avoir traversé une grande partie du département en voiture. J’en aurai ensuite fini avec eux jusqu’à l’année prochaine. (...)

Petit rappel

D’après la pédiatre, A peut avoir un ami imaginaire, elle n’est pas trop jeune pour cela. Près de 90 minutes de voiture aujourd’hui pour aller faire passer l’épreuve du Bac des TPE, un petit rappel pour me faire apprécier, encore et toujours, que j’ai de la chance de travailler près de mon domicile. (...)

Nihilisme élégant

J’aime bien la couverture du dernier numéro de Télérama (24 mars 2007), on y voit Régis Jauffret, debout appuyé contre son livre ouvert et lui aussi debout, plus grand que l’écrivain. D’après une fine plume du Figaro du jour (22 mars 2007), Régis Jauffrey est d’ailleurs plus apprécié par les critiques et par les médias que par les lecteurs. « Sur l’échelle du goût contemporain, la dérision est chic, le nihilisme élégant et l’esbroufe a la cote.» Martine a emmené de nouveau A à la ludothèque, qui était tellement contente qu’elle le proclamait à tous les (...)

Le retour de Siméon et de Barnabé

Milieu de l’après-midi, Martine vient de montrer à A que Siméon le Papillon et Barnabé le Scarabée étaient revenus à la maison, leur patte réparée. Ils ont rejoint les autres petites bêtes dans le living. Elle n’arrête pas de répéter « les petites bêtes d’A sont revenues ». Elle les réclame de temps en temps, nous lui répondons qu’elles sont trop fragiles. Elle les avait brisées en les serrant trop fort dans ses mains. Nanette et L vont profiter de mon absence pour rendre visite à Martine et à A demain, pendant que je me promènerai dans les allées du Salon du (...)

Délicatesse

Jacques G est décédé en début de semaine, je ne l’ai appris que ce matin. Je le croyais juste malade, mais c’était la première fois que sa librairie était fermée depuis si longtemps. Il aimait les livres, les connaissait et je discutais avec plaisir avec lui. Je n’ai plus trop envie de parler du Salon du livre. Ce matin, un homme était dans sa boutique. Il expliquait à une dame, en toute délicatesse, que le libraire était malade mais qu’il ne se soignait pas. Avait-il besoin de raconter cela ? Sur la vitrine, une couronne et des bouquets de fleurs, en face des militants (...)

Les Demoiselles du Taranne

Samedi matin, j’ai dû me dépêcher pour gagner la gare, retardé par l’oubli de mon invitation pour le salon du livre, distraction dont je me suis aperçu en bas des escaliers. Je suis tout de même arrivé à la gare à temps mais, contrairement à moi, le train ne s’est pas arrêté. Une trentaine de minutes d’attente avant le suivant, plus de temps qu’il m’en fallait pour écouter mes messages téléphoniques. Je songe à m’en préoccuper une ou deux fois par mois, les périodes fastes. Un message m’attendait, celui de Circé qui me disait qu’elle ne m’oubliait pas (...)

Des individus et non des lecteurs anonymes

Je n’ai pas encore raconté mon samedi au Salon du livre : beaucoup de livres, des écrivains, des amis et beaucoup de monde, de plus en plus de monde au fur et à mesure que les heures s’écoulaient. Plus de deux heures avant le commencement de sa séance de dédicaces, des lectrices attendaient déjà Amélie Nothomb, puis la file, essentiellement jeune et féminine, n’a cessé de s’allonger. G était dans la file et m’a permis de retrouver Raphaël, toujours allergique au téléphone portable. Nous avons échangé quelques mots avec des lectrices auprès desquelles j’ai vanté (...)

Raplapla

A est malade depuis deux jours. La voir raplapla, alors qu’elle est d’habitude si vive, attriste. Elle en profite pour faire une cure de « non ». J’ai tout de même pu ce matin lui lire trois de ses livres lors d’une courte absence de Martine. Au Salon du livre, regret de ne pas avoir pu saluer ni Benoît Duteurtre ni Gil Graff, qui ne signaient que dimanche, ni Gabriel Matzneff , absent du Salon, contrairement à l’année dernière. Je suis tout de même reparti avec le nouveau roman de G.Graff, « Vous aurez de mes nouvelles dans les journaux », dont le début est très (...)

Transporter un par un ses animaux d'une pièce à l'autre

Réception de La presse Littéraire dans la semaine, je n’ai pas été passionné par le dossier consacré à Alain Fournier mais ai dévoré les pages dévolues à Jean Mabire, concoctées par Laurent Schang et Christopher Gérard, deux des valeurs les plus sûres de la revue. Christopher Gérard recense par ailleurs « Le soufre et le moisi » de François Dufay, livre qui m’avait à la fois exaspéré et amusé, qu’il considère comme une « accumulation de clichés ». A va mieux, c’est un plaisir de la voir de nouveau répéter des mots lorsqu’on lui lit une histoire, ou (...)

Le mobile pas plus connecté que d’habitude

Je suis fatigué ce soir, mes pensées errent, sans chercher à se raccrocher à quelque chose de tangible. Je suis devant l’écran pour une seule raison, écrire ces lignes. Tout à l’heure, j’ai mangé une assiette de pâtes, après avoir lu une trentaine de pages du dernier Gil Graff, pendant le cours de musique de mon aînée. Hier soir, je suis allé à M pour rien ; la soirée a été annulée mais on n’a pu essayer de me prévenir que tard, alors que j’étais déjà sur la route, le mobile pas plus connecté que d’habitude. Nous nous voyons une fois par mois, ou deux (...)

De quoi faire frémir le Monde

Il y a du Amélie Nothomb dans « Vous aurez de mes nouvelles dans les journaux… », mais une Amélie Nothomb plus cruelle, dans cette histoire d’un bébé qui, à peine devenue petite fille, tue sa mère, horrible bonne femme qui en fait voir de toutes les couleurs au père du bébé, lequel n’est pas vraiment son père. Les pauvres sont décrits avec un réalisme qui devrait faire frémir le Monde, qui, jadis, n’avait pas apprécié que Yann Moix osât se moquer d’eux. Au lycée où je suis allé faire passer des oraux de bac blanc, il y a une affiche dans les toilettes des (...)